Cleanterview #5 - "Osez agir à votre échelle", Justine, fondatrice de Jusedda
vendredi 14 août 2020

Depuis plusieurs années maintenant, Justine a entrepris une démarche de transition vers un mode de vie plus responsable, et elle partage ses avancées et ses différents conseils sur son blog Jusedda et ses réseaux sociaux. Elle est revenue avec nous sur les déclics et les sources d'inspiration qui l'ont fait peu à peu passer à l'action. Elle nous a également donné quelques conseils simples à appliquer dès aujourd'hui dans notre quotidien !
Qui es-tu et que fais-tu ?
Je m’appelle Justine, j’ai 28 ans. Après un master de sociologie, j’ai occupé un poste de chargée de mission développement durable à Dijon, puis à Arras, avant d’emménager en Suisse en 2019.

Crédit photo : Jusedda
Depuis combien de temps as-tu entamé une démarche écologique ? Quel a été ton déclic ?
Adolescente, j’ai commencé à acheter livres et vêtements en vide-greniers quand j’accompagnais mon père, chineur passionné. J’ai appris à recoudre mes vêtements et à créer des taies d’oreiller dans des vieux draps avec ma grand-mère, reine du système D.
En 2015, je découvre la démarche Zéro déchet de Béa Johnson, lis son livre : ses réflexions me parlent immédiatement. Revenir à un mode de vie plus simple, plus respectueux pour soi et pour l’environnement : j’adhère rapidement à ses idées.
Quelles initiatives pour réduire ton impact écologique as-tu mis en place ?
Après ça, ma transition est actée : en quelques années je passe d’une consommation « beaucoup pour pas cher » à une consommation « peu mais de qualité ». Je trie, donne, vends les objets dont je n’ai pas besoin, achète mes aliments en vrac, réduis ma production de déchets, ma consommation d’énergie. J’arrête le fast food, les produits transformés, je privilégie les circuits courts et les aliments de saison.
En 5 ans, j’économise du temps et de l’argent par rapport à mon ancien mode de vie. Je me mets à partager mes progrès et découvertes sur les réseaux sociaux, puis sur un site internet dans lequel il est plus facile d’exprimer mes pensées.
Je profite de ce temps pour lire et me former avec des cours en ligne sur les thématiques environnementales qui m’intéressent (compostage...), de cet argent pour visiter des endroits que je voulais découvrir, en privilégiant les moyens de transport « doux » : aller en bus à Etretat ou Chamonix, en covoiturage jusqu’au Mont Saint Michel, et plus récemment, traverser la Suisse en train... pour revenir à vélo !

Crédit photo : Jusedda
Qui t’inspire ? De quelles initiatives remarquables pourrais-tu nous parler ?
En Avril 2017, Leo not Happy organise un grand ramassage dans le centre-ville de Bruxelles. Une quantité incroyable de déchets est ramassée, dont un nombre impressionnant de mégots.
Par hasard, je vois à la télé une personne qui, au chômage, en profite pour nettoyer le cours d’eau et les chemins près de chez elle. Quand le journaliste lui demande pourquoi il fait ça, il répond simplement « si je ne le fais pas, personne d’autre ne le fera ».
Ces initiatives m’inspirent et je n’ai plus envie d’être du côté des personnes qui disent « bravo », qui déplorent la quantité de déchets qui jonchent nos rues et nos océans en s’énervant devant un écran. Je vais agir moi aussi. Je commence à ramasser les déchets pendant mes balades. Au départ, je ne partage rien sur les réseaux, j’ai un peu honte et je n’assume pas.

Crédit photo : Jusedda
Un jour je me décide. Tant pis, je veux montrer les quantités hallucinantes que je ramasse dans des laps de temps très court, partout où je vais : ville, campagne, plages... Je veux faire prendre conscience à mon entourage que jeter ne serait-ce qu’un seul mégot a des conséquences désastreuses pour l’écosystème dont nous faisons partie.
Aujourd’hui je poursuis mes efforts pour tendre vers un mode de vie plus responsable - car je ne suis pas irréprochable 😉. Je souhaite continuer à sensibiliser les personnes que je peux toucher aux conséquences de nos comportements et en même temps montrer qu’on peut avoir un mode de respectueux de l’environnement tout en gagnant en qualité.
Si tu devais conseiller 3 habitudes à adopter au quotidien pour les lecteurs de cet article, quelles seraient-elles ?
Pour les personnes qui ne sont pas engagées dans une telle démarche ou qui voudraient aller plus loin, je conseillerais :
- De faire attention à ses achats : un achat = un vote
Un achat implique plus que de ramener un objet ou un aliment chez soi... En achetant, on cautionne implicitement les conditions de production, le sort des travailleurs et leurs conditions de travail, l’origine des matières premières, le transport... Les agissements de la marque, bref, tout un ensemble dont on ignore aujourd’hui plus grand-chose, et auquel on peut choisir de dire « tant pis » ou « je refuse ».

Crédit photo : Jusedda
- De réduire ses déchets
Les limiter, les refuser, prendre conscience qu’ils ne disparaissent pas, une fois emportés par le camion-benne. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, et les déchets n’échappent pas à la règle. Qu’ils soient brûlés ou enfouis, leur quantité et leur contenu (une grande partie de plastique), font que leur gestion est un problème qui ne fait que commencer à s’imposer à nous...
- De devenir acteur
Votez pour les bonnes personnes, ramassez les déchets sur votre chemin. Expliquez à vos ados pourquoi il est mieux d’acheter leurs vêtements d’occasion, à votre belle-mère pourquoi il n’est pas utile d’offrir une montagne de jouets made in China pour le petit dernier à Noël... Maintenez vos positions, doucement mais fermement, faites valoir les choses en lesquelles vous croyez. Osez agir à votre échelle.